Retrouver du sens au travail : une urgence silencieuse, un besoin universel

La quête de sens au travail est devenue une préoccupation majeure dans nos sociétés modernes. Bien au-delà de la question du salaire, du confort ou même du statut, de nombreux salariés aspirent aujourd’hui à une activité professionnelle qui ait du sens, qui soit alignée avec leurs valeurs, qui leur donne le sentiment d’apporter une contribution réelle.

Or, cette attente se heurte à une réalité de plus en plus fréquente : la perte de sens au travail, un mal diffus, parfois invisible, mais profondément déstabilisant. Cette perte de repères professionnels est souvent à l’origine de troubles psychiques, de démotivation chronique, voire de syndromes comme le burn-out, le bore-out ou le brown-out.

Quand le travail devient vide : les causes profondes de la perte de sens

Nombreuses sont les raisons pour lesquelles un salarié peut ne plus trouver de sens dans ce qu’il fait.

Certaines sont visibles, d’autres plus insidieuses.
Parmi les principales :

Tâches déconnectées de la réalité ou peu stimulantes : Lorsque les missions confiées sont trop répétitives, sans challenge ni autonomie, l’ennui s’installe. Cela peut mener au bore-out, une forme d’épuisement par l’inutilité ressentie.
Manque de reconnaissance : Ne pas être vu, entendu ou valorisé dans ce que l’on fait, même si cela est bien fait, crée un vide symbolique. Sans retour, le lien au travail s’érode.

Désalignement entre valeurs personnelles et culture d’entreprise : Travailler dans une structure dont les pratiques contredisent ses propres convictions éthiques ou écologiques crée un malaise sourd et durable.

Manque de contribution perçue : Lorsque l’on ne comprend plus à quoi l’on sert, ou à qui l’on est utile, le lien entre l’action et le sens se rompt.
Déshumanisation des relations professionnelles : Pression des résultats, dématérialisation, réunions inefficaces… beaucoup perdent le lien vivant avec leurs collègues, leurs clients, leur mission.

Ces facteurs sont parfois présents dès l’embauche, mais ils s’installent souvent de manière progressive, insidieuse, jusqu’à ce que le vide s’impose comme une évidence.

Un impact profond sur la santé mentale

La perte de sens au travail ne se contente pas d’affecter la motivation.
Elle agit comme un facteur de risque majeur pour la santé mentale :

Détresse psychologique

Plus de la moitié des salariés français se disent en souffrance mentale, souvent liée à l’impression de ne servir à rien, ou de ne plus se reconnaître dans leur activité.

Épuisement professionnel

Un salarié sur deux se dit proche de l’épuisement. Les femmes, notamment les cadres, sont les plus exposées, du fait d’une surcharge mentale et émotionnelle accrue.

Désengagement et fuite intérieure

Sans sens, l’investissement diminue. Ce n’est pas de la paresse, mais une forme de protection psychique. C’est ce que l’on appelle le brown-out : le système reste allumé, mais il ne produit plus d’énergie intérieure.

Symptômes psychosomatiques

Maux de dos, migraines, insomnies, anxiété, perte d’appétit ou troubles digestifs… le corps parle quand le sens fait défaut.

Le sens comme boussole intérieure

Retrouver du sens dans son travail ne passe pas forcément par un changement de poste ou une reconversion.
Il s’agit d’abord de réactiver sa boussole intérieure :
Qu’est-ce qui est important pour moi ? Qu’est-ce que je veux nourrir à travers mon activité ? À qui est-ce que je veux contribuer ?

Voici quelques pistes pour enclencher cette reconnexion :

1. Clarifier l’impact réel de son travail : Même une tâche modeste peut avoir un effet bénéfique si elle est reliée à une finalité claire.

2. Revisiter ses valeurs personnelles : Quelles sont mes priorités ? L’honnêteté, la transmission, la justice, la créativité ? Suis-je fidèle à ce qui m’est essentiel ?

3. Exprimer ses besoins : Parfois, un simple échange avec son manager, un ajustement de missions, un projet transversal peuvent redonner du souffle.

4. Changer de regard : Un même poste peut être vécu comme vide ou riche selon l’intention que l’on y met.

5. Oser se questionner en profondeur : Et si ce poste ne me correspondait plus du tout ? Et si ma vie appelait un vrai changement ?

Le rôle de la logothérapie : remettre le sens au cœur

En tant que logothérapeute, j’accompagne ceux qui se sentent perdus, désengagés, ou simplement en décalage entre ce qu’ils font et ce qu’ils sont.

La logothérapie, fondée par Viktor Frankl, considère que la principale motivation de l’être humain est la recherche de sens. Elle part d’un postulat simple mais puissant :

« Un homme peut supporter n’importe quel ‘comment’, s’il a un ‘pourquoi’. »

Ce n’est donc pas tant la charge de travail qui épuise, mais l’absence de direction intérieure.

Mon rôle consiste à :

aider à identifier ses valeurs profondes,
clarifier ce qui donne sens au quotidien professionnel,
explorer comment réinvestir son poste ou réorienter sa trajectoire,
soutenir les moments de doute, de transition, d’épuisement.

La logothérapie peut être une thérapie principale, mais aussi complémentaire à d’autres accompagnements (coaching, thérapie comportementale, soutien médical), ou encore en fin de parcours professionnel, pour donner du sens à ce qui a été vécu.

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Travailler autrement : vers une écologie du sens

Il ne s’agit pas de devenir tous “passionnés” par notre métier. Mais de créer un rapport plus juste au travail.
Un rapport où l’on puisse être utile sans se nier, contribuer sans s’effacer, créer sans se sacrifier.

Retrouver du sens, c’est revenir à soi pour mieux s’ouvrir au monde.
Et c’est peut-être cela, le plus beau projet professionnel qui soit.